Infidèle hirondelle,
Je me rappelle bien le survol de l’Europe par Brindosier. Mais je ne vous suis pas du tout, mais pas du tout, lorsque vous prenez le parti de la mère de ce garçon. Les femmes vont trop loin ici ; les chérubins ne leur appartiennent plus au bout de quelques années. Notre civilisation est une civilisation de mâles, n’en doutez pas.
Qu’est-ce qui a fait la force de Sparte ou celle de Rome ? Ses adolescents, ses guerriers, oui. N’oubliez pas qu’Emilie n’était qu’une exception. Dieu a fait l’homme à son image et la femme à l’image de l’homme. Toutes vos suffragettes ne pourront rien à cela. Une fois que l’avion a quitté le sol, bien lointaine lui paraît la terre qui l’a porté jusqu’à l’instant de l’envol. Pensez à ces sculpteurs qui, une fois leur œuvre achevée, se sentent soudain pris d’amour pour leur création ; il se peut que les petits tableaux qui ornent le salon des Brindosier représentent des scènes ou des personnages de contes de fées : Le Petit Chaperon Rouge, le Petit Poucet, l’Ogre ou Peau d’Ane, rien d ‘étonnant à cela. Votre aviateur, à vous entendre, a l’âge et la figure d’un prince prêt à réveiller la Belle au Bois Dormant.
Mais votre Brindosier n’est plus un prince depuis bien longtemps déjà. Pour lui, il n’y a qu’une chose qui vaille au monde : la vitesse et, avec elle, les nuages, la pluie, les paysages, les cours d’eaux, les villes, les clochers, les grêlons, les rayons de soleil, les ondées trouées de rais d’or. Un vrai baromètre enregistreur si vous préférez. Mais vous qui m’accusez parfois malicieusement de faire la pluie ou le beau temps, pourquoi vous intéresser ainsi à ces baromètres volants ?
Votre Icare affligé
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