Mon Arc en Ciel,
La chambre a condamné le pantalon rouge pace qu’il expose, paraît-il, ceux qui le portent à de redoutables dangers. Mais c’est dommage ! Car à côté de la raison, il y a le sentiment, il a les traditions, il y a le panache qui, précisément, est l’une des conditions essentielles du métier des armes. Vous savez bien que : « Au service de l’Autriche le militaire n’est pas riche. »
Or le pantalon rouge à la gaieté du coquelicot des blés. C’est un rouge bien de chez nous. Rien de comparable à cette sorte de framboisé, de pourpre indéfinissable et théâtral, de teinte lohengrinesque qui bariole ce premier drapeau que nous avons pris à l’ennemi. Cela n’a pas la franchise, la claire simplicité de nos étendards. On sent vraiment, à la comparaison, qu’un drapeau est la fleur d’un peuple comme l’uniforme constitue le vase qui arborera cette fleur.
La couleur kaki ou verdâtre, qui se confond avec le ton terreux des champs défrichés, transforme le fantassin en caméléon champêtre et finira par faire des lièvres de nos fameux lapins. Imaginons un instant que nos adversaires s’alignent sur notre choix ! Bientôt, il n’existera en Europe qu’un fantassin, qu’une vareuse ou qu’un casque si ce règne universel du kaki parvient à s’instaurer; le règne du neutre, de l’indifférent, de l’effacé ! Nous en serons alors réduits à importer, tout emplumés, des Sioux du Nouveau Monde ; ou à combattre tout nus. Et que chacun reconnaisse les siens !
Votre Porte-étendard
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