Ma petite squaw,
Depuis que vous avez appris que le tabac constitue un incomparable remède préventif contre le choléra, vous voilà moins sévère envers l’herbe à Nicot. Nous en faisons tous abondante consommation mais je sais si les raisons avouées parviendraient à vous convaincre, surtout si l’on songe, qu’à l’origine, le tabac était la plante de concorde et d’amour.
Saviez-vous que deux tribus étant en guerre depuis longtemps quelque part dans les Indes Occidentales et que le Grand Esprit, tout grand Esprit qu’il fût, ne voyant comment apaiser leur querelle, il eût l’idée de faire goûter en même temps, aux chefs des deux camps, l’herbe apaisante – ce qui leur procura grande joie ? C’est là, je crois l’origine du « calumet de la paix ». Est-ce à dire que nous devrions offrir un contingent de pipes aux gens d’en face et proposer le calumet au Kaiser ? Je n’irai pas jusque-là. Mais nous fumons beaucoup, tous, à tous les degrés, à tous les échelons. Le tabac est, par excellence, l’herbe du guerrier car, quoi que pensent certains, nous sommes - croyez-le - plus herbivores que carnivores.
Votre Algonquin
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