1961
Lundi 25 septembre — Dans une salle sur pilotis, le syndicat, sous la conduite de Le Baron (le plus enragé des antinobles) a tenu réunion et décrété la grève du champagne.
Artaban m'annonce, fièrement, qu'il a reçu une offre d'engagement pour le 6e R.E.P.
Samedi 2 décembre — Académie des Sciences Morales et Politiques. Séance publique annuelle présidée par M. Joseph Hamel : Prix Malouet, annuel, destiné à un professeur de l'enseignement secondaire ayant au moins quatre enfants et méritant une marque d'estime publique. L'Académie a reporté ce Prix. Je l'aurais personnellement très bien vu décerné au Professeur Laverrue et à ses quatre filles ou à Saint-Taquin et ses six filles.
1962
Vendredi 4 janvier — Vacances de Noël terminées. Les collègues s'abordent et se donnent du vœu. Il a plu dans la nuit. Les alentours du Lycée ne sont que boue tenace. Dans mon casier, chez le concierge, une carte rose bonbon m'annonce la naissance d'un futur lycéen. Devant la porte du bureau de la Directrice, figés sur quelques chaises raidies dans leur habit de métal, des parents d'élèves attendent et tournent la tête à tous les pas qui passent. Un maître d'externat m'offre des souhaits compassés : il fait son droit, est membre du conseil intérieur et exige qu'on lui présente toutes les nouvelles maîtresses d'externat.
L'Académicien Jean Cocteau va apprendre l'anglais : il a soixante-treize ans. Il lui est déjà arrivé de prononcer des discours dans cette langue, avoue-t-il, mais sans comprendre ce qu'il disait et « il est temps que ça change ! ». M. Maurice Chevalier prend, lui aussi, des leçons d'anglais, en robe de chambre, le matin, dans sa villa aux environs de Paname.
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