Lisez les Chroniques :
nous sommes venus à la suite de Guillaume le Conquérant
("La Mégère Apprivoisée", Shakespeare).
Guillaume le Conquérant était le fils de Robert le Diable, Duc de Normandie, le 4e descendant de Rollon, et d’une de ses maîtresses nommée Harlotte (Arlette ?, d’où certains imaginent que de là vient le mot harlot – femme de mauvaise vie), fille d’un pelletier de Falaise. Lorsque, de nombreuses années plus tard, il assiégea la ville d’ Alençon, les habitants suspendirent des peaux sur les remparts en criant "Des peaux pour le tanneur !". Guillaume dévasta la ville, mutila et écorcha vifs ses notables. Falaise, par la suite, éleva une statue équestre à Guillaume, statue qu’on inaugura en 1851.
Un jour que Robert chevauchait la campagne, il aperçut quelques jeunes paysannes qui dansaient et fut tellement touché par les charmes de la susdite Harlotte qu’il la persuada de vivre avec lui, ce qu’elle fit ; dix mois plus tard, elle accoucha de Guillaume.
Les scribes des monastères relatent que l’enfant, peu de temps après sa naissance, ayant trouvé de la paille sous sa main, en ramassa quelques brins et les tint si fermement qu’on dut s’y mettre à plusieurs pour les lui arracher. Guillaume le Bâtard (il changea plus tard ce nom en celui de Conquérant) naquit en l’an 1027.
Lorsque Robert fut prêt de partir pour la Terre Sainte, il fit reconnaître Guillaume pour son héritier et le recommanda à Henri II, roi de France, qui eut soin de son éducation et le défendit contre ses sujets rebelles et contre quelques Seigneurs qui avaient des visées sur son Duché.
Harold, roi saxon d’Angleterre, ayant été poussé par les vents sur le côte française, probablement en 1064, Guillaume le retint prisonnier pour l’échanger contre rançon et fit avec lui un pacte, scellé sur des reliques, pacte selon lequel il deviendrait, lui-même, roi d’Angleterre et Harold, simple comte de la Province de Wessex : c’est l’histoire que raconte la chronique de Bayeux, tapisserie qui a été attribuée à la reine Mathilde, épouse de Guillaume, également fille du comte des Flandres.
Pour envahir l’Angleterre, les forces d’assaut (Normands, Français, Picards, environ 7000 combattants) se rassemblèrent au cours de l’été 1066 autour de St Valéry sur Somme. Des mercenaires vinrent des Flandres, des Normands, de l’Italie du sud, d’autres d’Espagne : Guillaume avait reçu l’appui total du pape Alexandre II. Les vents, cependant, restaient contraires. Le jour du débarquement fut retardé mais le vin ne manquait pas. On sortit les reliques de St Edmond de l’église de St Valéry : les vents tournèrent. Les vaisseaux purent enfin gagner le point de rendez-vous à la bouche de l’estuaire ; la nuit, le bateau amiral portait une lanterne de forte puissance tout en haut de son mât de flèche.
Le 28 septembre, Guillaume et sa flotte jetèrent l’ancre dans la baie de Pevensey (Sussex). En débarquant, le Duc s’étala de tout son long : "J’ai pris l’Angleterre entre mes mains", commenta-t-il sobrement. Maintenant, en ce matin du 14 octobre 1066, "on allait pouvoir faire de la bonne besogne !", déclara-t-il à ses troupes en ajoutant : "je ne suis pas venu ici seulement pour prendre mon dû mais pour venger notre nation entière des félonies, des parjures et des trahisons de ces Anglais…".
La coutume des Normands de se battre avec des arcs longs, inconnus des Anglais, fut très funeste à ces derniers. Leurs propres auteurs rapportent que le gros de leur armée, étant, suivant leur manière, porteurs de hallebardes, se tenait si serré, qu’il ne put être forcé que lorsque les Normands, feignant de fuir, les firent débander et, par là, gagnèrent la bataille qui, bien que misérablement perdue, fut cependant livrée par les autochtones avec la dernière bravoure afin de garantir leur Patrie d’un joug étranger. On trouva le corps de Harold parmi les cadavres ; seule Edithe, la belle au cou de cygne qu’il avait aimée, fut en mesure de l’identifier. Guillaume marcha sur Londres à grandes journées, obligeant les habitants de cette ville à lui envoyer des émissaires pour lui en apporter, tête basse, les clés.
Aldred, le grand archevêque de York, couronna Guillaume, qui était très pieux, à l’Abbaye de Westminster le jour de Noël de l’an 1066. (La duchesse Mathilde fut couronnée le dimanche de la Pentecôte de l’an 1068).
Toute l’Angleterre ne se soumit pourtant pas à Guillaume. Les villageois de Romney tuèrent une bande de chevaliers normands. York et Oxford résistaient encore mais il en punit les habitants avec une telle sévérité que même les plus obstinés s’en effrayèrent. La désolation s’étendit d’une côte à l’autre. En l’an 1075, une sérieuse révolte éclata dans les Midlands et dans l’East-Anglia, et l’un des capitaines saxons rescapés du massacre, Waltheof, rejoignit les rangs des rebelles ; mais la population saxonne prit le partie du Conquérant contre le chaos : c’était à celui qui , le premier, rendrait hommage à Guillaume et ils venaient en foule "comme des mouches s’assemblant sur un plaie" : il vaut mieux vivre à genoux que mourir debout !
Tout d’abord, Guillaume traita les Anglais avec beaucoup de douceur et confirma leurs lois et leurs privilèges. Mais lorsqu’il vit que chaque année ils ourdissaient de nouveaux complots pour le détrôner, il changea de conduite, il punit les mutins impitoyablement, les déposséda de leurs terres qu’il distribua aux Normands ou aux Anglais qui lui avaient été fidèles. Il priva la Nation de ses privilèges, abolit ses lois et établit en leur place celles des Normands. Il se saisit des trésors des monastères, sous prétexte que les rebelles y avaient caché leurs biens les plus précieux, écarta les Anglais de tous les postes honorables et lucratifs et mit un impôt sur les terres, semblable, à celui du Danegelt, qu’Edouard avait aboli, taxe rappelant aux Anglais les maux qu’ils avaient autrefois endurés sous une dominations étrangère.
Par la suite, il leur défendit de chasser (quiconque tuera cerf, biche ou sanglier se verra arracher les yeux) ou d’abattre des arbres dans ses forêts sans une permission expresse de sa part. Il voulut que la langue normande fût seule en usage dans le barreau et qu’on l’enseignât dans les écoles. En un mot, il traita l’Angleterre en pays de conquête et jamais monarque ne fut plus despotique que lui.
Guillaume combattit également les Gallois qu’il défit lors de plusieurs combats, et Malcolm, roi des Ecossais, qu’il obligea à lui faire hommage pour tout le royaume d’Ecosse. Il déclara la guerre au duc de Bretagne, et mieux encore, il franchit la frontière de France à la tête d’une puissante armée, assiégea, prit et pilla Mantes puis mit le feu à la ville ; mais cette action lui coûta la vie. Il s’approcha des flammes de si près que la violence du brasier, s’ajoutant à la chaleur de la saison, lui donna la fièvre ; cela en plus d’une blessure qu’il avait reçue au ventre, fit qu’on dût le transporter dans une litière jusqu’au prieuré de St-Gervais à Rouen où il trépassa le 9 septembre 1087. L’Evêque d’Evreux l’enterra dans l’abbaye St Etienne de Caen.
L’Angleterre venait de subir la défaite la plus catastrophique et la plus humiliante de son histoire, une débâcle dont l’empreinte ne s’effaça pas en dépit des heurs de batailles à venir. La seule culture fut la culture française (Gurth et Wamba dans l’Ivanhoe de Walter Scott en attestent). Les notables saxons envoyèrent leurs fils faire leurs études dans les monastères de France. Les conquérant épousèrent, par la suite, les autochtones du sexe opposé. Ceci marque la soumission totale de l’Angleterre. Les échanges d’ordre intellectuel ou social des deux côté de la Manche prirent nouvelle tournure, car il vaut mieux vivre à genoux que mourir debout !
Il faudra attendre aujourd’hui et Julie B. du Sunday times pour relever le gant : Pour les francophiles, vivent les croissants, les vacances en Provence (ô Charles !), la joie de vivre, l’arrogance, le racisme, la nullité musicale de gens incapables de réaliser un disque pop ( ô Johnny !), la philosophie Claudélo-Tartienne, l’oubli d’achat de savon et de déodorants, l’Hymne National que les citoyens sont fiers de chanter (ce ne sont pas des sujets !), les prénoms choisis obligatoirement sur une liste approuvée, le contrat de mariage, la virilité des CRS, les bienséances, les oies transformées en foie gras, la collaboration avec l’Allemagne tandis que, selon Sir Winston Churchill, la Grande-Bretagne présente une histoire sans tâche dans sa résistance contre les Nazis…
Le 3 juillet 1940, Jersey, Alderney et Sark ( ô Olivia !) sont occupées. Ambroise Sherwill est fier de ses compatriotes qui se conduisent bien avec les soldats allemands bronzés, lourdauds, qui dansent avec de jeunes et jolies Anglaises que plus tard on traitera de "sacs à Fritz " et que des coiffeurs au noir tondront patriotiquement. Il y a des camps pour travailleurs forcés européens sur les îles, déjà la Marché Commun avec cortège de famines, tortures et pendaisons : il vaut mieux vivre à genoux que mourir debout ?
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