Bibliophile distingué, ami des gens de lettres, c'est-à-dire des philosophes de l'époque, était Président au Parlement de Toulouse qui - entre tous les corps judiciaires de l'ancienne France - avait un renom de particulière sévérité, sinon d'auto-sévérité. C'est ainsi que les Conseillers au Parlement Coras, Ferrières et Latger furent pendus en robe rouge à l'orme du Palais comme suspects d'hérésie (octobre 1572 ?), le philosophe Vanini subit le supplice de la roue (que Mme de Sévigné trouvait moins vivifiant que la pendaison ; " on a pris 60 Bourgeois ; on commence demain à pendre ... nous ne sommes plus si roués ; un en 8 jours seulement pour entretenir la justice : la penderie me paraît maintenant un rafraîchissement ") pour opinion philosophique contraire à la théologie officielle, préludant ainsi aux sombres affaires Calas, Rochette, Grenier Frères (1762) ou autres Sirven, ces derniers tels qu'ici mentionnés par Voltaire, ravivant en cela le souvenir de Caturce (ou Cadurque), docteur in utroque, professeur à l'université de Toulouse, venu de Limoux (ô, Hagrège !) où, disait la rumeur, il aurait frayé avec les hérétiques, et qui fut, la veille du jour des Rois de l'année 1732, invité dans une réunion d'amis où il parla des choses du temps et de la religion et qui, au lieu de terminer ces propos par l'habituel le roi boit !, eut l'audace de lancer : Jésus-Christ règne dans nos cœurs, ce qui lui valut d'être brûlé vif à Toulouse en juin 1732 devant 21 condamnés, dont un prêtre, qui tous s'empressèrent d'abjurer publiquement leurs erreurs. Rabelais, d'ailleurs, se garde bien d'oublier la leçon lorsqu'il écrit :
De la vint à Thoulouze, où il (Pantagruel) apprint fort bien à danser, et à jouer de l'espée à deux mains, comme il est l'usance des escoliers de ladicte université ; mais il n'y demeura guères, quand il vit qu'ilz faisaient brusler leur régens tous vifz comme harans soretz, disant : " Ja Dieu ne plaise que ainsi je meure, car je suis de ma nature assez alteré sans me chauffer davantaige. "
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