Ma belle courageuse,
Entre Château-Salins et Avricourt, nos troupes sont brillamment enlevées à la baïonnette un village situé en territoire annexé. Les Allemands ne semblent décidément pas apprécier l’arme blanche – comme le pressentait d’ailleurs si bien l’un de nos généraux poètes à ses heures, qu’il est difficile de ne pas citer, en la circonstance :
La Charge
«Y a la goutte à boire ! Y a la goutte à boire
Là-haut.» Le tambour bat et le clairon rugit.
L’instant est solennel, mon régiment surgit,
Et se rue à la mort ou bien à la victoire.
De bolides humains la plaine est toute noire,
La balle siffle et mord, l’obus ronfle et mugit,
L’air s’emplit de fumée et la terre rougit
Du sang qu’il faut verser en rançon de la gloire.
Qu’importe. Il faut les joindre. En avant. En avant.
Hardi. Nous les tenons. Enfants. A la fourchette.
Un dernier bond encore, puis un rugissement.
Et l’on frappe, et l’on tue avec acharnement,
Sans faire de quartier, tant que la baïonnette
Trouve un corps pour fourreau. Vive mon régiment‹
Que pensez-vous, mon cœur de cet élan rimé ?
Pour avoir la tête épique, n’en déplaise à Voltaire, Il faut avoir buté sur une frontière et non la franchir avec l’aisance de ce blagueur de commis voyageur…
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