Chéri,
Vous manquez d’infirmières et lorsque je propose timidement mes services vous refusez net. J’ai pourtant suivi il y a quelque mois une très intéressante conférence - exceptionnelle- par le professeur Lebélier, chirurgien des hôpitaux, sur « L’Histoire du Pansement ». Il y avait là de fort jolies filles préparées pour une escouade d’infirmières devant entrer en fonctions auprès de nos soldats en temps de guerre…
Nous avons la guerre et vous refusez net. Je vous comprends mal, mon cœur, mais vous obéis. Le président du Conseil a lancé aux Femmes un appel pressant : il faut rentrer la moisson, terminer les récoltes de l’année, préparer celle de l’année prochaine. Il faut sauvegarder l’approvisionnement de ceux qui défendent la frontière. Je comprends l’intérêt de tout cela, mais je ne veux pas jouer les Marie-Antoinette de village, mon beau Fersen. Je vous aurais si bien obéi si vous m’aviez affectée à votre régiment. J’aurais été la plus soumise des belles infirmières qui vont peut-être s’installer dans vos cantonnements. Vous ne voulez pas, méchant colonel…
A vos ordres mon colonel de Fer
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