Aigle de ma pensée,
Vous ne me vantez guère les exploits de nos hommes volants ; des « coléoptères sauteurs », dites-vous. Figurez-vous que je termine la lecture de l’Avionnette. Je ne sais pas si vous connaissez ce livre. Je vous le recommande et suis prête à vous le faire parvenir si vous voulez bien consentir à le recevoir malgré toutes vos petites préventions. Le héros Perceciel, l’aviateur, tombe, non par bravade ou panache, mais simplement par obéissance. Car ce n’est ni un casse-cou ni un « casseur de bois ». Sur sa Libellule - mise au point par son beau-père - il va au danger ; il connaît cependant mieux que personne les défectuosités de l’appareil. Mais Perceciel veut l’indépendance de la « quatrième arme ». Il a connu de secrets déboires, disons-le. Sa femme est coquette mais elle lui reproche de la délaisser pour la « Libellule » (je vous vois sourire, vilain). Son beau-père comprend mal ses réticences qu’il attribue à l’orgueil blessé. Mais la mort de Perceciel qui rassemble dans la même douleur, sa femme et sa mère réconciliées, est pour lui un triomphe moral. Il a donné un exemple qui est un modèle. Laissez-moi vous citer quelques fort jolies formules : « Le sépulcre est un foyer souterrain » ou bien celle-ci que j’aime beaucoup : « Aimer ressemble à un vol plané qui se prolonge éternellement.» Ou encore cette dernière page ou la « Libellule » survolant la Lorraine, son pilote, fils de vaincu, se rêve libérateur.
A vous la relève, mon noble cœur,
Votre bergeronnette
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