1974
Lundi 26 janvier - Samedi soir, dîné chez Saint-Gilles du Gard qui s'extasie sur les qualités pédagogiques d'une vieille bique en fin de carrière qui pratique l'audio-visuel, méthode Zagreb. Mais pourquoi pas l'anglais d'Angleterre à l'aide de la méthode olfacto-gustato-tactile ?
Jeudi 7 mars - Au lycée Papi, Adret, Inspecteur Général, raconte aux Historiens de l'Académie d'Histoire qu'il n'a rien pu faire pour éviter les réductions d'horaire et que le Ministre l'a appelé pour lui signifier qu'il fallait se soumettre ou se démettre. Adret - toujours d'après lui-même - n'aurait pas encore donné de réponse car il aurait écrit, dans l'entretemps, à son camarade d'Ecole Normale, le Premier Ministre, qui lui avait un jour rappelé que lui, présentement Premier Ministre, en Khâgne, avait été 1er en composition d'histoire.
Mardi 3 avril - Le professeur Vignalou signe le dernier bulletin de santé du Cantalou Pompidou, Premier Prix de version grecque au Concours Général avec le lycée d'Albi et ex-élève en Hypo-Khâgne du professeur Le Fourcat. Entre Occitans !
Vendredi 5 avril - En classe d'agro et en toute confidence, je laisse entendre que certains animaux font preuve d'autant d'affectivité que les meilleurs d'entre nous : " Mais il faut le brûler, c'est un hérétique ! ", gémit un jeune inquisiteur. (L'hérétique sera celui qui allumera le feu, et non celle que l'on brûlera, comme dit Paulina dans le Conte d'Hiver).
18 juin - Un des agneaux du lycée Papi obtient un 1er Prix au Concours Général d'américain, d'où série de lettres de félicitations. Manquent, seules, à l'appel, les lettres des Super-Mirotons de l'Inspection Générale. Occupés en cuisine ?
Le Concours Général - Le Protale et le Censeur frappent légèrement à la porte de la classe : ils viennent sabler le champagne dans des gobelets de plastique, en l'honneur du Lauréat au Concours Général en attendant quelque officielle reconnaissance de leur grand mérite en la circonstance. Ils seront effectivement décorés ... Bravo !
Mercredi 4 décembre - Comme parfois (trop souvent à mon goût) suraccablé par le travail et les rudes contraintes du Lycée, mon corps se réfugie dans l'immobilité d'une bronchite. Le médecin qui vient me pachonner est attaché de consultation à l'hôpital Bichat. D'entrée il se lance dans une solide diatribe contre son père qui a tenu à lui faire apprendre l'allemand " parce que c'est plus difficile que l'anglais ! ", et maintenant il souffre et souffre de ne pas être en mesure de lire les ouvrages scientifiques en anglais d'autant qu'il n'en sait guère davantage en allemand. Il passe ensuite à l'auscultation et diagnostique que la moitié de Paris est au lit pour les mêmes raisons que moi. Quelles raisons ? That is the question !
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