1967
Assistances - Conversations avec Madame Henriette dont le mari “assiste” à la Sorbonne : subtil découpage entre les assistants, les maîtres-assistants et les Maîtres tout court, dit-elle. Les premiers se sont réunis entre eux récemment et l'un d'eux a fait pleurer l'auditoire en interprétant Rue Saint-Vincent. Les autres s'occupaient à commenter leur “thèse”. Pandolfe s'aventurait, lui, jusqu'à l'analyse de Marienbad ou autres travaux de Gendres à Beaux-Papas tandis que Madame Pandolfe, pouliche efflanquée, raide, les fesses aussi sèches que des noyaux de brugnons, le couvait d'un regard admiratif. Mme Pandolfe exerce dans un lycée au cœur du Marais. Chahutée, bousculée intellectuellement par ses élèves de Quatrième, elle s'est vue décerner le titre de conseillère pédagogique !
La conversation vient sur Tybalt, professeur à la Sorbonne, qui fut “mon” professeur d'anglais d'une Sixième au lycée Lafayette : il résistait à l'époque en donnant des petits cours à des petits groupes. Le propre fils du Professeur Tybalt se retrouva en 4e au lycée Valmy d'où il se fit renvoyer “manu militari” à la suprême épouvante des jeunes “thésards” qui grenouillaient alors dans les eaux de l'Avenue de Saint-Dizier, résidence du Maître. Quant au Professeur Caliban, " il est gentil ", insiste Madame Henriette. Celui-ci, truand de l'esprit qui prêche l'anti-conformisme et l'athéisme militant, assistait pourtant très joyeusement et très pieusement à la communion première de sa fifille - à l'insu de ses disciples, natörlich. Gros et grand binoclard à l'arrière-train poussif, son esprit circule en navette entre l'objectif et le subjectif, vaguement revêtu d'une prononciation qui interloquerait le Professeur Mylord en personne.
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